harry
Aujourd'hui au boulot, Harry Roselmack venait dédicacer son livre Novilu. Livre publié sous un pseudo, H. J. Boungo (à moins que Roselmack soit le pseudo,
allez savoir), mais vu les faibles ventes de son roman, ce bon vieil Harry a décidé de sortir de l'ombre pour clamer haut et fort que c'était lui l'auteur de ce livre.
Et ça a plus ou moins marché.
Mais ce qui a clairement relancé les ventes, c'est sa présence en dédicace dans le magasin qui m'emploie.
Je ne l'ai pas vu, car il n'est pas venu salué le petit personnel qui a boosté les ventes de son livre (en ne le lisant pas. Oui, nous sommes des libraires honnêtes).
Vers 17h30, alors que la librairie était remplie d'imbéciles qui ne connaissent pas leur alphabet (oui, les gens sympas, ils ne viennent pas voir les vendeurs en général, ce qui est assez
triste), un homme aux dents dégueulasses me coupa alors que je renseignais quelqu'un.
"Monsieur je dois parler à Harry Roselmack.
-Oui mais je vais vous demander de patienter et de faire la queue s'il vous plait.
-Monsieur c'est très important je dois absolument parler à Harry Roselmack."
Il parlait de Roselmack comme si il le connaissait (un peu comme j'ai fait en parlant de Kek et Maliki, que je ne connais absolument pas et que je n'ai jamais rencontré, je tiens à le préciser),
ce qui me perturba un peu. Il était gras et mal rasé, le cheveu plaqué contre son front, et ses dents, mon dieu ses dents, toutes petites, noires et écartées.
"Oui mais monsieur, Harry Roselmack, je crois qu'il est parti maintenant. Mais si vous voulez aller à l'avant du magasin, c'est là qu'il dédicaçait son livre.
-Monsieur c'est très important je dois...
-Oui mais là je suis avec une personne que je renseigne.
-Alors je vais attendre derrière vous."
J'étais assis au bureau d'accueil, et il n'y a pas beaucoup de place entre mon tabouret et le mur. Et lui se tenait derrière moi, je sentais ses petits yeux porcins sur ma nuque délicate
fraichement dégagée de ses petits cheveux (oui, je me suis fait coupé les tiffs mardi).
"Je pose ça là."
Il déposa un petit sac plastique qui contenait des Efferalgan sur ma main.
"Heu... vous savez, je crois qu'il est parti, il est 17h30 passées, heu...
-C'est très important, je dois lui parler monsieur."
Alors qu'un collègue passait par là, je lui refourguai l'energumène.
"Tiens Jérôme s'il te plait, tu peux t'occuper de monsieur. Je te remercie (regard de circonstance et grimace de compassion).
-Oui bien sûr. Bonsoir monsieur.
-Bonsoir Monsieur. Je dois parler à Harry Roselmack.
-Ah il est parti il y a une demi-heure.
-Et qu'est ce que vous pouvez faire pour moi? Il est très important pour moi de lui parler.
-Ben, rien.
-Ecoutez, je dois lui parler.
-Heu, oui. Je vais voir ce que je peux faire."
Il revint peu de temps après accompagné du chef de la sécurité.
"Bonsoir monsieur.
-Bonsoir. Vous n'êtes pas Harry Roselmack (ce qui est une fine deduction de sa part : le chef de la sécu du magasin est blanc). Il est urgent que je voie Harry Roselmack.
-Monsieur, je suis désolé, mais Harry Roselmack n'est plus là, il est parti.
-Mais comment je vais faire moi?
-Je ne sais pas, mais en attendant je vais vous demander de sortir de derrière ce bureau et vous demander d'arrêter d'importuner les vendeurs de ce magasin qui ne sont pas au courant des allées
et venues d'Harry Roselmack.
-Vous n'avez pas son numéro de téléphone, que je puisse l'appeler, c'est très important.
-Non, et même si c'était le cas, je ne vous le donnerais pas. Maintenant je vais vous demander de venir avec moi, je vais vous raccompagner dehors.
-Ah, d'accord, non, c'est bon, je m'en vais."
Et alors qu'il fit mine de partir, il revint :
"ECOUTEZ MONSIEUR. Je suis un honnête citoyen moi. Je ne fous pas la merde, si vous me passerez l'expression. Alors je ne vois pas pourquoi vous me traitez comme ça. Il s'avère que j'ai des
soucis, et que seules deux personnes peuvent m'aider actuellement.
-Et qui donc?
-Harry Roselmack et Christophe Hondelate. Mais puisque je ne peux pas compter sur vous pour m'aider à les retrouver, je m'en vais."
Et c'est ainsi qu'il quitta le magasin, comme un prince, ses cachets oubliés sur le comptoir.