la relève
Je n'aime pas les centres commerciaux.
Et j'y travaille.
Je viens de manger un sandwich végétarien (je mange très souvent des sandwiches végétariens : on a rarement de mauvaises surprises), et j'ai l'impression d'avoir encore de l'huile d'olive sur le menton.
Je ralentis ma marche en m'essuyant du revers de la main, et j'arrive au niveau d'un ado qui doit avoir seize, peut être dix-sept ans, pas plus. A côté de lui, il y a un petit garçon, qui n'a pas plus de cinq ans.
"Non non, marche comme ça, tu vois. Une main dans la poche, l'autre bras qui balance, et un pied vers l'intérieur."
Le gamin n'arrive même pas à trouver sa poche de pantalon.
D'ailleurs je ne comprend pas que les fabricants de pantalons pour enfants en bas âge s'obstinent à mettre des poches. Ils ne voient pas que les enfants n'ont pas les bras qui arrivent si bas? Ils ne savent pas que les enfants sont difformes? Qu'ils ont une tête énorme, des bras courts et des jambes arquées? En plus ils puent.
Les poches pour des marmots, c'est une cachette pour les crottes de nez, rien de plus.
L'adolescent s'enerve un peu.
"Mais non bon sang, comme ça!"
Il prend une démarche débile de boiteux.
"C'est comme ça que ça marche, les racailles. Si tu marches comme ça, les gens que tu croiseront auront peur de toi et te respecteront."
Voilà donc une preuve que l'on ne nait pas con. On le devient à l'aide de son grand frère.