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jail bait

Publié le par Kolia

Et c'est toujours seul que je continue l'exploration de la filmographie non pornographique d'Ed Wood, incapable de convaincre quelqu'un de m'accompagner dans ce voyage aux confins du 7ème art. Mais comment leur en vouloir? Regarder un film d'Ed Wood, c'est se heurter au néant et à un mode de pensée inaccessible au commun des mortels.

Sauf pour Jail Bait, film moins connu des fans du réalisateur qui n'ont jamais vu ses films, qui raconte une histoire de gangster très classique.



J'irai même jusqu'à dire que ça aurait fait un épisode de la Quatrième Dimension très correct, si il n'avait pas été réalisé par Ed Wood, qui bat ici tous les records de non-mise en scène. Décors nus, acteurs mauvais, poursuites molles, improbabilités scénaristiques, c'est bien simple, ce serait en couleurs pétantes à décoller les rétines, ça pourrait être un épisode d'Hélène et les Garçons.

Jail Bait, c'est l'histoire d'un fils de bonne famille qui, pour une raison ou une autre, mais je pense que c'est par manque de sensations dans sa vie trop bien rangée, sombre dans la voix du crime, entrainé dans la débauche par un malfrat local sans envergure. Un soir, lors du braquage d'un théatre de quartier, c'est le drame, le fils de bonne famille, dont je me rappelle pas le nom, c'est terrible, j'ai regardé ce film il y a trois jours, le fils de bonne famille donc, et bien ce fils, il tue le gardien du théatre, ancien flic. De son côté, le malfrat (dont je ne me rappelle pas le nom non plus), abat une employée qui avait oublié un truc.

Hélas, il vise comme un pied, et la fille s'en sort. Pire, elle identifie le fils de bonne famille.

Deux detectives sont sur le coup, et ils savent vite où chercher : ils vont voir le père du fils de bonne famille (je ne me rappelle d'aucun nom), chirurgien respecté et respectueux. Et ils ont bien fait d'aller le voir, car le fils de bonne famille vient juste de partir : il venait voir son père pour confesser ses crimes, et comme au fond c'est un bon fils, il a promis d'aller voir la police, quand il aura réparé son erreur (là, son plan est assez flou : comment compte-t'il faire revivre l'homme qu'il a tué?).

Mais le malfrat, qui est décidemment bien méchant, le tue et cache le cadavre chez lui. Et là le malfrat, aidé de sa femme, met sur pied un plan machiavélique : il va faire croire au père du fils de bonne famille qu'en fait il a kidnappé son fils et qu'il le lui rendra en échange d'une nouvelle tête. Le père du fils de bonne famille accepte l'ignoble marché qu'on lui propose, et alors qu'il va se laver les mains avant d'opérer le malfrat, il découvre le cadavre de son fils, caché négligemment derrière un rideau, dans la cuisine (oui, l'opération se fait chez le méchant).

L'opération se passe bien, et deux semaines plus tard, alors que le malfrat retourne chez le père du fils de bonne famille pour se faire enlever ses bandages, ce dernier a fait venir la police chez lui, et là, surprise, tchoc, le père a fait au malfrat la tête de son fils (de bonne famille), et du coup la police l'arrête. Enfin, elle essaye, car il tente de s'enfuir, et puis il se fait tuer - sans surprise : on voit très bien ce plan dans la bande-annonce.


"Je voulais l'avais dit qu'il se ferait tuer : je l'ai vu dans la bande annonce!"

Donc l'histoire n'est pas si mal, en soit : retournement de situation au dernier moment, du sang, de la sueur, on pourrait presque se prendre au jeu.



Mais voilà : Ed Wood étire son film pour qu'il dure une heure, rajoute des scène de dialogue insipides, pique des scène entières à d'autres films (une sorte de sketch, notamment, pour montrer que nos deux gangsters vont braquer un théatre, entre une vieille fille et un noir grimé comme un babouin), et n'es pas capable de filmer convenablement une scène : la caméra est posée et ne bouge plus. La scène de poursuite en voiture est un très bon exemple : on ne voit à aucun moment les deux voitures dans le même plan. Ed Wood en filme une, puis l'autre, puis la première à nouveau, puis la seconde, et puis parfois les voitures prennent un virage, alors la caméra est posée à un coin de rue, et on voit les voiture passer, chacune a droit à son panoramique d'accompagnement. Les acteurs récitent leur textes comme si la maitresse les regardaient avec de gros yeux. Le pire acteur étant le jeune détective, qui regarde chaque acteur avec beaucoup d'intensité : on s'attend à ce qu'il roule une pelle à quiconque pose les yeux sur lui. La petite amie d'Ed Wood de l'époque, Dolores Fuller, joue aussi dans le film, mais son personnage ne sert à rien : elle interprète la soeur du fils de bonne famille, et si on la voit souvent à l'écran, c'est uniquement parce qu'elle couche avec le réalisateur.

Mais je crois que le pire, c'est la musique : une guitare qui tremblote des notes, sans vraiment de mélodie remarquable, et toujours la même : que ce soit pendant une fusillade, pendant une poursuite, pendant l'opération, pendant un meurtre, toujours cette guitare épiléptique qui répète trois pauvres notes inlassablement.

Il me faut cette bo : car si je n'ai pas retenu les noms des protagonistes, j'ai cette musique dans la tête depuis que j'ai vu le film.

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