la grande soirée (3 : la fin?)

Je suis même allé danser. Pendant au moins quinze secondes. J'y suis allé pour faire plaisir à des filles, je me suis mis au milieu de la piste de danse, du DANCE FLOOR, et j'ai remué les bras et les pieds et la tête et les fesses, et je me suis senti stupide, et la musique était vraiment trop mauvaise. Au début j'avais réussi à esquiver la piste car j'avais l'eternelle excuse "je garde le sac à ma copine."

Ce qui est plutôt une excuse de fille d'ailleurs.

Fanny m'avait laissé son sac à main et je l'avais mis en bandoulière sous mon bras (ça ne choquait pas, il était assorti à mon blouson), et elle était parti danser lascivement contre Alexandra, qui a les plus gros nichons que j'ai pu voir à travers un pull. Fallait les voir se frotter l'une contre l'autre, c'était superbe, même si elles faisaient ça pour rigoler. Ce qui était raté : c'était plus excitant que marrant en fait.

"Je ne comprendrais jamais les femmes.

-Y a pas à les comprendre, y a qu'à les observer."

Mais au bout d'un moment, on a appris qu'il y avait une consigne quelque part dans la salle, alors on est tous allé posé nos affaires.

Sauf moi. J'avais pas du tout confiance en eux, alors j'ai gardé mon blouson sur moi.

***

Beaucoup plus tard, on a pu avoir une piste de bowling. On était très nombreux dessus, une douzaine à jouer, c'était un grand n'importe quoi, j'ai adoré ça.

On a tous très mal joué.

Mais on a beaucoup rigolé. Durant son tour, Hélène n'a pas fait attention et a pris la boule la plus lourde qu'il y avait, et au moment de la lancer, son bras est parti tout seul mais la boule est restée sur place, elle est tombée à ses pieds sans même rebondir, c'était très drôle.

Même si personne n'a osé rire en fait.

Car ce que j'ai pu remarqué durant cette soirée, c'est que tous les mecs apprécient Hélène.

Réellement.

Il fallait toujours qu'il y en ait un qui essaie de lui faire un calin, de la prendre sur ses genoux, de lui tripoter les hanches. Ca me rendait dingue, mais comme un con, au lieu de faire comme eux, je restais dans mon coin avec ma boule au ventre.

Ce qui me rassurait, c'est qu'elle n'aimait pas trop ça. Elle les repoussait tout le temps. Et à deux reprises, DEUX, elle a posé sa tête sur mon épaule.

Ah, c'était si bon. J'aime beaucoup quand une fille pose sa tête sur mon épaule. Je me sens grand, je me sens fort, je me sens cool et j'ai l'impression de sentir bon.

Comme Hélène est plus grande que moi, pas beaucoup mais quand même, il faut qu'elle veuille vraiment poser sa tête sur mon épaule, car sa nuque prend un drôle d'angle quand elle le fait, et ça ne devait pas être agréable, quand j'y pense.

Mais pour moi c'était super. C'était le meilleur jour de l'année. Encore meilleur que la fois où on a joué aux jeux vidéos toute la journée avec Jérémy.

Et puis il a fallu qu'elle parte. Elle m'a fait la bise, je lui ai dit que je la recontacterai, et elle est partie.

On a continué la partie, mais le coeur n'y était plus.

Martial est venu me chercher plus tard en me disant qu'il ramenait Fanny, qui habite à côté de chez moi, et qu'il pouvait ma raccompagner aussi. J'ai accepté, et dans la voiture, Aurélie, une autre caissière que Martial déposait (il est quand même sympa ce Martial) et avec qui j'avais discuté manga à une ou deux reprises (elle est super mignonne elle aussi. On était bien accompagné avec Martial, on avait la classe tous les deux, dans sa caisse, avec ces deux filles) m'a demandé si j'étais amoureux d'Hélène. L'expression m'a fait sourire, mais la question m'a un peu surpris : elle m'a demandé ça d'un coup, sans que je ne m'y attende.

"Ben carrément!"

Il ne faut pas exagerer non plus. J'ai répondu ça, mais je ne suis pas amoureux d'elle, je la connais à peine.

Je ne sais pas dans quoi je me suis embarqué,  mais je ne peux plus reculer. Car malgré tout, je suis bien accroché.

Comments

[Pat Morita]

La fin n'est pas écrite d'avance. C'est à toi de lui donner la meilleure issue.